L’hypnose: un strip-tease de l’âme

26/03/2020

Alexandre Jollien vient me souffler ce mot : « Un strip-tease de l’âme… »

26 mars 2020.C’est une période inédite.

Confinée chez moi, je m’aventure dans le jardin ensoleillé. Je m’installe sur un transat, pieds nus dans l’herbe fraîche et je me laisse entraîner par la grâce des oiseaux qui se poursuivent d’une branche à l’autre. Bercée par leur chant, je pose le livre que j’ai entre les mains et je laisse mes paupières se baisser.

En une seconde, je franchis des milliers de kilomètres. A ma droite, l’océan, le ciel bleu, le bruit des vagues, la voix de ma grand-mère, un poème, son parfum, sa douceur. C’est un moment de paradis. Rien ne manque.

Christian Bobin écrirait ici :  » Je n’ai pas aimé mon enfance. Rien ne manquait. Simplement l’appel d’une lumière dont le monde ne voulait rien savoir – le paradis noyé dans l’œil bleu d’une agate. »

Je n’ai pas aimé mon enfance non plus, mais je l’ai aimé, elle. De cet amour qui enveloppe et donne la force d’accueillir l’aléa.

A cet instant, je sens la main de ma grand-mère se poser sur la mienne. Dans un sursaut, je reviens dans mon transat, dans mon jardin, dans mon corps, dans les lignes de mon livre « Vivre sans pourquoi ».

Mon rêve se fane mais je reviens pleine de lui.

Il y a dans les parenthèses hypnotiques une part de rêve.

Entre les définitions académiques de l’hypnose et les fantasmes qu’elle suscite, j’avoue humblement avoir toujours eu du mal à définir l’hypnose en un mot.

Alexandre Jollien vient me souffler ce mot : « Un strip-tease de l’âme »

Ceux qui pratiquent l’hypnose se reconnaîtront peut-être ici : On débute une séance avec une certaine excitation, on enlève nos doutes, nos anxiétés et nos croyances dans une précipitation fougueuse. On les lance les uns après les autres au pied de la conscience, et par-dessus les diktats et les peurs qui font barrage.

Un mot, un son, une image, un parfum vient toucher notre âme et, nous voilà nu comme au premier jour.

Défait de nos costumes et libérés du poids de nos masques, nous oublions l’artificiel pour retrouver notre visage originel. Nous quittons les rôles pour partir à la rencontre de l’intime.

C’est l’heure des retrouvailles avec notre nature profonde.

Nous prenons de la puissance.

Au fil des mots, nous sentons que quelque chose lâche, se détache. Commence alors la descente profonde vers l’intérieur de soi.

Plus le corps devient lourd plus la conscience peut aller s’installer dans cet endroit ressenti comme le plus fort et le plus solide à l’intérieur de soi.

S’y connecter donc, pour que nos comportements et nos actions « découlent de cette source et non du dehors, des apparences et d’un rôle. »

Dans la transe hypnotique, la concentration n’ouvre à la vie intérieure que pour s’élancer au-dehors…/… Nous apprenons à sentir « le pouvoir organisateur à l’œuvre » dont parlait François Roustang, et nous en servir comme d’un levier vers le meilleur de soi.

L’hypnose, c’est une manière douce et élégante de séduire notre âme.

Si j’étais médecin, je profiterais de chaque occasion pour prescrire à mes patients des séances d’hypnose « pour rejoindre la source, et sentir qu’il y a une vie plus qu’humaine en nous, accessible ici et maintenant. »

Valérie Pharès

 

Article Inspiré du livre d’Alexandre Jollien, Vivre sans pourquoi, Edition du seuil 2015

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Photo : Engin Akyurt